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Poitiers en 1914 chronique 1 du jeudi 2 janvier 2014
À la veille de la Première Guerre mondiale, Poitiers compte 41 500 habitants dont près de 60 % demeurent intra-muros. La ville n’a pas de grandes industries, mais il existe de nombreuses manufactures, fabriques et ateliers dans les domaines les plus variés : imprimerie, tannerie, bonneterie, brosserie, torréfaction du café, encaustique, lessive, cierges et bougies, préparation des duvets et des peaux d’oies blanches, etc. Le commerce est florissant. Les halles de la place Notre-Dame et celles du Marché Saint-Hilaire (rue Magenta) approvisionnent en viande, poissons, fruits et légumes. Les boutiques du centre-ville offrent un large choix de produits. Des grands magasins ont pignon sur rue : la Maison Vannier à l’angle de la rue des Cordeliers et de la rue du Marché, Paris-Poitiers et les Nouvelles Galeries Parisiennes, sur la place d’Armes.
Chef-lieu du département de la Vienne, Poitiers est le siège d’une cour d’appel et d’une académie à laquelle sont rattachées les facultés de droit, des lettres et des sciences, ainsi que l’école de médecine et de pharmacie. Le préfet de la Vienne est Charles Causel jusqu’au 28 février 1914, puis Antoine Marty qui demeure en place durant toute la guerre. Le maire de la ville est Gabriel Morain, radical-socialiste, qui aux dires d’un commissaire de police, bénéficie « d’une grande popularité auprès des classes laborieuses ; avec lui Poitiers traverse une ère de prospérité jamais égalée ». Dans la 1ère circonscription de Poitiers le député est Edgard de Montjou, appartenant à l’aile la plus conservatrice de la droite. Dans la 2e, le député est Raoul Péret qui siège à la Chambre dans le groupe de la Gauche radicale occupant en réalité le centre de l’hémicycle. Âgé de 34 ans, l’homme est promis à un brillant avenir, il est sous-secrétaire d’État à l’Intérieur, puis ministre du Commerce du 17 mars au 9 juin 1914. Les journaux locaux sont fortement politisés. Le Courrier de la Vienne défend l’ordre social et les valeurs traditionnelles, il est conservateur, royaliste, et proche des milieux catholiques. Le Journal de la Vienne, autrefois bonapartiste, est nationaliste. L’Avenir de la Vienne est l’organe de la gauche radicale, il est profondément républicain, attaché à la laïcité et même anticlérical. Le quotidien s’oppose en particulier à Mgr Louis Humbrecht, un Alsacien d’origine qui a été sacré évêque de Poitiers en 1911.
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