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Poitiers à la lorgnette

Auteur(s) : Laurence Mondon Chegaray et Gérard SimmatPages : 128
Parution : Septembre 2005Chapitres : NC
Éditeur : Michel Fontaine Prix indicatif : 29 €
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Poitiers à la lorgnette

Une invitation à regarder Poitiers, autrement: Par le petit bout de la lorgnette! Poitiers, ville historique, se découvre au fil des rues, pas à pas. En levant la tête sur ses maisons, en empruntant ses ruelles étroites, en découvrant ses chemins de campagne, elle se révèle. Elle garde secrètement les traces de son passé glorieux. En furetant dans ses rues et faubourgs, Poitiers se découvre autrement. Insolite, parfois cocasse, mystérieuse. En flirtant hors des sentiers battus, ce livre original et innovant propose des promenades dans un Poitiers méconnu, il raconte de petites histoires qui trouvent leur place dans la grande. Il présente la ville et ceux qui l'ont façonnée, par le petit bout de la lorgnette. Il met en exergue des aspects qui peuvent relever de l'anecdote ou de la légende, mais qui n'en rendent Poitiers que plus attractive.


Quelques extraits du livre

Crime à l'auberge (page : 61)

Que s'est-il passé à l'auberge de la Croix-Blanche à Poitiers ? Evidemment, plus aucune trace d'un horrible crime n'est visible. Ce qui n'empêche pas les anciens patrons du lieu, aujourd'hui La Goulue, de s'intéresser à l'histoire de leur établissement. Anna et David Riffault savent qu'au 12, rue de la Croix-Blanche se sont succédé une auberge, un garage, un dépôt de légumes. « Nous avons entendu parler d'une légende disant qu'un trésor se trouve dans un souterrain, avec une statue en or. Nous n'avons jamais rien trouvé ! Un crime, cependant, est bien avéré au logis de la Croix-Blanche. Elsa Guerry, chargée de mission pour le centre international de la mer à Rochefort, a participé au recensement des lieux de mémoire de la Nouvelle-France en Poitou-Charentes et écrit un article sur l'auberge de la Croix Blanche, en tant que lieu de mémoire d'un crime jugé au Canada.

Devises en Latin (page : 123)

On peut lire des inscriptions latines sur des maisons du XVIe siècle. Deux exemples : sur le très bel hôtel Renaissance Pélisson, 9, rue Marché, on distingue sur des cartouches gravés ces inscriptions: HOC EST REFUGION MEUM 1557 (ceci est mon refuge) à gauche et sur celui de droite : IN D(OMI)NO CONFIDO (je me confie en Dieu). Ce genre de formules et devises, fréquemment tirées de la Bible ou de la littérature antique, étaient très en vogue à la Renaissance. Sur l'hôtel Barbarin, 190 Grand'Rue, à la base des lucarnes d'une maison du XVIe, l'inscription est en fait une devise : NEC SPE, NEC METU, MEDIIS TRANQUILLUS IN UNDIS, 1590 (sans ambition ni crainte, je me tiens tranquille au milieu des eaux). Le maître des lieux, Barbarin, fut maire de Poitiers. Mais cette devise comme ses armes parlantes* (blason visible au-dessus de la porte d'entrée, au fond de la petite cour) tiennent plutôt du jeu de mot et viennent du patronyme Barbarin, nom qui est, dans l'ancien vocabulaire ichtyologique, celui des poissons dont la mâchoire est garnie de barbillons, tels les barbeaux, dits aussi, en poitevin, « barbarins ».

L'enseigne du drap d'or (page : 30)

Une curiosité au 27, rue du Marché. Au-dessus de la porte d'entrée du bâtiment daté fin XVIIIe ou début XIXe, on remarque une étonnante sculpture représentant une tente entourée de rameaux d'olivier. Ce relief anachronique serait daté de la Renaissance. Il s'agit sans doute d'une enseigne, réemployée lors de la construction de cet immeuble. Elle fait référence à un événement historique : l'entrevue dite du « camp du drap d'or ». La scène se passe en 1520 entre François Ier et Henri VIII d'Angleterre. A cette occasion, le roi de France fit preuve d'une telle magnificence pour éblouir son adversaire qu'il logea sa cour et une suite innombrable dans un camp immense, entièrement constitué de tentes, somptueusement revêtues de draps d'or. Il n'est pas interdit de penser qu'un marchand de drap poitevin, voulant célébrer l'événement à sa manière, plaça sa boutique sous l'enseigne du « Pavillon royal ».

La bière de Blossac (page : 51)

La brasserie est toujours signalée dans l'annuaire de 1907, mais à la même adresse se trouve aussi Henry Jaux, qui fait le commerce d'éponges en gros. Les concurrents ne sont plus que trois sur la ville : Hary successeur de Lorne, passé au 51, Grand'Rue et toujours Schwaller et Weber qui n'ont pas changé d'adresse. Vers 1910, un incendie de l'usine du boulevard Sous-Blossac mettra un terme à plusieurs décennies de cette activité. L'annuaire de 1912 ne mentionne plus la brasserie et le commerce d'éponges et aussi de plumes est cité au n° 10, avenue de Bordeaux. A cette période, ils ne sont plus que deux à exercer cette activité dans la ville de Poitiers : Hary-Lorne au n° 51, Grand'Rue et Schwaller, boulevard de la Gare. La malterie Hary-Lorne est toujours citée dans l'annuaire de 1939, au n° 28, boulevard Bajon. Aucune ne survivra à la Seconde Guerre mondiale.

La plus petite avenue du monde (page : 84)

Vue de Poitiers à partir des Dunes. avec en contrebas le pont Joubert. avec les derniers vestiges de l'existence ancienne des tours, puis la chapelle votive et enfin une petite construction au ras du boulevard du Pont-Joubert, sur la gauche de laquelle on aperçoit un porche d'entrée vers le lavoir du bord du Clain. Jules Robuchon avait déjà, en 1890, sorti un magnifique livre sur Poitiers, dans le cadre de sa série sur les "Paysages et Monuments du Poitou ". Ce cliché a été pris par Robuchon plusieurs années avant qu'il ne le tire sur sa première carte postale. Dans tous les cas, quand on rencontre un cliché avec la chapelle, celui-ci est antérieur au mois de juin 1900.

Les copains d'abord (page : 76)

Les amis de cette joyeuse équipée s'appelaient Travers (bijoutier), Vogel (maison Mathias), Renard (juge), Colombani (CCI), Marceau, Rouet (marchand de vins et spiritueux chargé des subsistances liquides lors des festivités), Pagerie, Sandillon, Poinaud (le chanteur Jean Denys)... Sans oublier Delouche, barde émérite, jamais baillonné lors des banquets. « Il interprétait ses oeuvres, des plagiats où tout le monde en prenait pour son grade. Tout le monde se moquait de tout le monde, sans méchanceté, apprécie Jean-Pierre Garotin. Une bonne vingtaine d'adhérents fidèles sont ainsi venus mouiller leur maillot et faire la fête. Faut pas croire ! On transpirait quand même. Pour s'échauffer, on faisait une manche de basket, des mouvements ensuite et pour finir, du rugby-basket, spécialité du pro : on se plaquait et il n'y avait qu'un panier pour tout le monde. Un panier qu'André Favart conserve précieusement chez lui. On se retrouvait pour fêter les lendits (fin de saison).

Les grandes heures du Jet d'Eau (page : 12)

C'est là aussi que Jean Richard a débuté sa carrière, vers 1941. « Il avait quitté son village des Deux-Sèvres et a commencé au Jet d'Eau, rappelle Francis Blot. Il est resté un mois à présenter son spectacle. Il avait fait une caricature de mon père que je garde précieusement. La famille Blot vivait rue du Général Demarcay. Le petit Francis garde de l'établissement tenu par ses parents quelques souvenirs précis. Des Allemands fréquentaient le Jet d'Eau pendant la guerre. Un des garçons, Alexandre, criait: Un port-salut, un ! Francis Blot se souvient aussi de l'animation qui régnait sur la place. "On regardait les revues militaires par la fenêtre. C'est là aussi que s'installait le cirque Pinder". Dans les années 55, la décoration a été revue, des coins cosy ont été aménagés avec des représentations de jets d'eau sur les murs. Si des spectacles étaient toujours organisés, la salle Francillon hébergeait aussi régulièrement la foire aux grains.

Les plus grandes arènes de la Gaule (page : 5)

Les arènes gallo-romaines, datées de la première moitié du Ier siècle, ont bel et bien disparu. On en trouve de maigres traces dans la rue Bourcani et dans un garage privé, situé dans le renfoncement de la rue Carnot. On a du mal à imaginer qu'elles étaient parmi les plus importantes de la Gaule, avec 156 mètres de grand axe et 130 de petit axe. Elles étaient d'ailleurs citées, du XVIe au XIXe dans les Cosmographies et autres Descriptions du monde, sous le nom de Palais Galien ou Château des Sarrasins, indique Yves-Bernard Brissaud dans Patrimoine de Poitiers.

Ovins citadins (page : 70)

18h. Ça bouchonne sur l'avenue du 8 mai 1945 pour sortir de la ville. Il suffit de bifurquer à gauche, rue Serge-Rouault pour changer d'air en quelques foulées. Au pied d'un immeuble à étage, s'étend un large potager et de l'herbe drue. Plus étonnant, on n'entend plus de klaxon, mais des bêlements. Quatre brebis sont en train de se régaler. Tondeuses silencieuses non polluantes au milieu du béton. Ces moutons font partie de l'élevage de Rémi Prouteau, heureux propriétaire de ce petit poumon vert. Ce chauffeur de bus de la Régie des transports poitevins vient ici planter son ail quand il ne se ressource pas dans le sud-Vienne et quand il ne chante pas avec sa femme et les parents d'élèves de l'école de musique Bergerault. Une vie somme toute équilibrée !

Poitiers-les-bains (page : 101)

Des décennies avant le centre aquatique de la Pépinière, les Poitevins goûtaient aux joies de l'eau. La piscine d'alors était beaucoup plus spartiate et moins chlorée, mais les nageurs l'appréciaient. Le nom de Jouteau est définitivement ancré dans la mémoire populaire. On allait se baigner chez Jouteau. L'établissement était tenu par les frères Jouteau : Roger, le professeur de natation, assurait la partie physique et sportive, tandis que Gustave était plus porté vers l'organisation et la comptabilité. Les leçons de natation étaient entrecoupées des plongeons de « la girafe », tandis que sur la terrasse, les uns prenaient des rafraîchissements et les autres se reposaient sur les pontons ou marchaient sur la grande roue... Un autre nom est resté dans les mémoires, celui des bains Taffet, juste en face, au n°24 de la promenade des Cours. Ils étaient tenus par la famille Bonnet, avec leur vaste piscine formée par une dérivation du Clain qui servait autrefois à faire tourner la roue du moulin Taffet.

Quand Mickey animait la rue (page : 42)

Les Américains dont la caserne était aux Dunes, descendaient Grand'Rue. Chez Charlie, il y avait des filles. C'était ouvert la nuit. Le Mickey Bar était fermé beaucoup plus tôt en soirée. Les Américains y allaient sans doute aussi, mais ce n'était pcis le même genre d'amusement... D'une manière générale, les ouvriers, le personnel travaillant dans la rue, allaient prendre l'apéritif en débauchant ou bien le samedi pour fêter la fin de semaine. C'était monnaie courante, une habitude qui s'est perdue.



Gérard SIMMAT
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